Né(e)s dans la mauvaise société, de Audrey A. et Nicolas Casaux avis de Jonathan Deschamps, ancien militant LGB
Il s’agit de l’ouvrage le plus sourcé et argumenté que j’ai lu sur le sujet de la critique de la transidentité. Il est aussi le plus pertinent de mon point de vue. 25 chapitres pour de nombreuses thématiques, ce qui en fait une base documentaire très complète (de nombreuses sources sont citées en fin de chapitres ; une véritable mine d’or). L’autrice et l’auteur mettent en avant l’implication de l’idéologie transidentitaire dans le patriarcat hétéro-sexiste, en argumentant sur sa nature masculiniste, non seulement par sa grande violence et ses attaques contre les femmes (dans leur intégrité biologique et sociale), mais aussi par la thérapie de conversion qu’est l’opération chirurgicale de réassignation dite sexuelle, une conformité qui satisfait le patriarcat (comme en Iran où les homosexuelLEs sont forcéEs de se conformer aux normes hétéro-sexistes en subissant cette chirurgie). Sont abordées aussi les questions du détournement de mineurEs par la médicalisation des enfantEs et des adolescentEs, voire leur mutilation ; l’origine de cette idéologie et les mensonges historiques et sémantiques qu’elle véhicule ; la pollution par cette idéologie des milieux LGB et féministes ; etc. 
J’ai lu ce livre en plusieurs jours, avec intérêt et plaisir, car c’est clair, sourcé, sérieux, objectif et complet.
L’autrice et l’auteur de cet ouvrage le sous-titrent comme une analyse féministe et socialiste, ce qui est un soulagement pour moi, qui suis libertaire, car j’ai vu tout le paysage politique virer à droite, jusqu’à l’extrême-droite pour les partis de droite et dits de centre, sans épargner les institutions républicaines (en témoignent les politiques racistes, anti-pauvres et liberticides de ces dernières décennies). J’ai débuté ma vie militante en tant que Président d’une association « gay&lesbienne » en 2002, dans une petite ville arriérée de campagne afin de lutter contre l’homophobie, tout en étant membre de la Quatrième Internationale, qui était alors matérialiste, abolitionniste du genre et de la prostitution ; j’avais alors 20 ans.
À la fin des années 2000, ces questions sont passées à la trappe au profit de compromis avec la bourgeoisie de gauche, avec l’apparition du Parti de Gauche et du Nouveau Parti Anticapitaliste, ce dernier issu de l’ancienne section française de la Quatrième Internationale, la Ligue Communiste Révolutionnaire, mais qui a perdu ses valeurs abolitionnistes avec l’arrivée de nouvelles et nouveaux militantEs, moins forméEs sur ces questions et influencéEs par les valeurs néo-libérales. Le résultat se ressent dans l’invisibilité des contradictions de l’idéologie de genre et du « travail du sexe », et la nouvelle section française de la Quatrième Internationale (Révolution Permanente) est désormais acquise à cette idéologie, notamment par la personne de Sasha Anxiety (pseudo très révélateur), homme réputé violent envers les femmes et porte-parole du féminisme au sein de son parti ; l’ancienne Alternative Libertaire s’est aussi vue mangée par sa droite en fusionnant avec la Coordination des Groupes Anarchistes pour devenir l’Union Communiste Libertaire, acquise elle aussi à l’idéologie transidentitaire. La Fédération Anarchiste semble encore hermétique à l’idéologie transidentitaire, restant sur ses positions matérialistes et antipatriarcales.
Aussi, comme me l’ont dit deux amies féministes, antipatriarcat et « travail du sexe » sont incompatibles, en témoignent aussi d’autres femmes sur les chaînes « rebelles du genre » et « la vie en rouge ».
Selon moi et d’après ce que j’ai pu voir depuis ces 20 dernières années, l’idéologie transidentitaire est la plus grande offensive patriarcale depuis l’Inquisition. L’extrême-droite rêve de soumettre les femmes aux hommes, les transidentitaires le font sans passer par un projet de société conservateur ou totalitaire classique. D’ailleurs, les termes TERF (féministes qui excluent les trans) et SWERF (féministes qui excluent les travailleurs du sexe) sont clairement arbitraires et misogynes ; je trouve que c’est même une modernisation du terme d’extrême-droite « féminazi ». De plus, j’ai été témoin de scènes délirantes dans des assemblées générales qui n’ont rien à voir avec les questions lgbt et féministes, où l’on « devait faire attention à nos propos car on pourrait blesser des camarades, et qu’il fallait les retirer si c’était le cas », interdisant ainsi tout débat contradictoire ; de la censure à l’état pur. On pourrait faire l’analogie entre le discours transidentitaire « tu es transphobe et blessant car tu refuses mon identité de genre » et « tu es hérétique car tu refuses ma foi religieuse ».
Concernant l’aspect politique, certains économistes avaient exprimé leur analyse du néolibéralisme comme un néo-totalitarisme où la consommation remplace la démocratie et les droits individuels et sociaux, il y a une quinzaine d’années. Les transidentitaires utilisent le corps des individus comme une marchandise, personnalisable selon le modèle social, et interdisent tout débat sur cette consommation. Ce n’est pas pour rien que les transidentitaires ne proposent rien d’autre que le narcissisme et l’apparence, donnant aux individus le seul droit de paraître, sans aucun modèle de société clair ; au contraire, il exclue les femmes pour renforcer le sexisme.
